Dreamscape (2004) se présente comme une immense frise qui associe
des vues d’immeubles tout juste construits à des détails de posters placardés
par les promoteurs sur les palissades dissimulant les chantiers. Le doute
s’installe dans l’esprit du spectateur tant ces deux sortes d’images peuvent
apparaître comme de purs stéréotypes.
L’architecture de Shangai est conforme au système économique qui secoue le pays,
alliant la doctrine communiste à un libéralisme sauvage. Vitrine ostensible de
la Chine contemporaine, Shangai est devenue l’un des plus grands chantiers de
la planète où les immeubles, patchwork de styles architecturaux les plus divers,
ne cessent de sortir de terre.
Le sublime de pacotille de ces architectures se raccorde parfaitement à l’imagerie
kitsch des affiches qui recouvrent les palissades : paysages d’atolls, de
sous-bois, de cascades. En camouflant les constructions gigantesques, cette imagerie
bon marché dissimule également la violence d’une réalité économique.
Underscape (2004) évoque la frénésie consumériste qui a envahi l’espace
public. Dans le métro de Shangai, les passagers semblent ignorer les annonces
publicitaires omniprésentes reconnaissables à travers les vitres. Le film, en
proposant au spectateur un dispositif interactif et totalement aléatoire, donne
l’illusion de contrôler une image qui, à chaque fois, se dérobe.
Christophe Pichon
(Texte paru dans le journal de l’exposition Bon voyage, Centre d’Art le Quartier, Quimper, 2006)