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L’ailleurs

 

Née en 1963, diplômée de l’Ecole nationale de la photographie, Edith Roux consacre l’essentiel de son travail aux phénomènes urbains. Transformation de la campagne provençale consécutive à l’implantation de sites industriels (Marseille 1994), vision de paysages métamorphosés sous l’effet de la vitesse du TGV (Paris-Londres, 1996), l’enquête que poursuit Edith Roux tourne toujours autour de l’influence qu’exercent les technologies modernes sur le territoire, sa configuration autant que sa perception.
Le choix de Shanghai, dans son dernier travail, est moins une manière de décrire un ailleurs en rapportant les images d’un autre monde, les signes d’une autre culture, qu’une façon de montrer comment l’urbanisme et l’architecture y traduisent la proximité de la Chine et de l’Occident.
Fusion, chevauchement de deux mondes, de deux cultures qui, sous l’effet d’un irréversible phénomène de mondialisation, indique qu’au début du siècle prochain toutes les villes importantes de la planète se ressembleront par leur architecture, par leur agencement, comme se ressemblent déjà les images publicitaires qui recouvrent leurs murs, faisant de chacune le vaste décor d’une même dramarturgie, celle du capital et de la consommation. C’est la disparition des derniers aspects singuliers de Shanghai, peu à peu remplacés par l’uniformité des gratte-ciels et des larges avenues propres à toutes les grandes ville occidentales, qu’Edith Roux met en évidence ici, dans ces images réalisées en couleur.

Emmanuel Hermange

(texte du catalogue du Mois de la photo, MEP, Paris 1996)